Vivre et mourir
Le vieilissement de la population chinoise
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Le vieillissement de la population chinoise.
Le vieillissement de la population chinoise, issu de la politique de l'enfant unique (1979-2015) et renforcé par les grands progrès de l'espérance de vie, est particulièrement rapide et va nécessiter le développement de nouvelles politiques publiques dans un contexte de forte urbanisation et de recherche de maintien de la croissance.
Résumé
Malgré une amélioration considérable de l’état de santé mondial depuis les années 1950, les inégalités d’accès aux soins ne se réduisent pas et touchent plus particulièrement les enfants et les femmes. L’objectif d’une couverture sanitaire universelle est loin d’être atteint et les dégradations environnementales viennent ajouter de nouvelles menaces sanitaires.
L’état de la santé dans le monde s’est considérablement amélioré depuis les années 1950. De 1990 à 2015, l’espérance de vie mondiale est passée de 64 à 71 ans et progresse en moyenne de 4 mois par an. Ces gains d’espérance de vie ont été d’autant plus forts que l’état des pays était catastrophique (de 49 à 58 ans en Afrique subsaharienne, de 58 à 68 ans en Asie centrale et du Sud, de 65 à 71 ans en Asie du Sud-Est, de 70 à 77 ans en Asie de l’Est et de 68 à 75 ans en Amérique latine).
Espérance de vie à la naissance, 1960-2015

Commentaire : Pour les pays sélectionnés, le graphique permet de comparer la situation à la dernière date (2015), avec un écart de 33 ans entre l’espérance de vie la plus faible (entre 50 et 60 ans pour 8 pays africains) et la plus élevée (plus de 80 ans pour 17 pays d’Europe et d’Asie). Il montre aussi des trajectoires remarquables avec plus de 30 ans de gains d’espérance de vie pour 9 pays. Cependant, ces moyennes nationales gomment des écarts qui peuvent être importants à l’intérieur de chaque pays.
Vivre plus longtemps
Depuis le début des années 2000, la baisse de la mortalité infantile (-32 %), de la mortalité maternelle (-25 %) et de la mortalité due au sida (-50 %) et au paludisme (-49 %) sont le fruit des progrès en matière d’éducation, de réduction de la fécondité, de l’amélioration des conditions de vie et d’importants programmes d’ aide (vaccinations, antirétroviraux, moustiquaires imprégnées, eau potable, etc.) portés par la mobilisation de nombreux acteurs mondiaux (agences des Nations unies, ONG, fondations, fonds mondiaux, aides bilatérales et sociétés civiles).
Dans ce panorama général, de très fortes inégalités entre, et à l’intérieur, des sociétés persistent toutefois, voire s’aggravent. Cette question de l’équité en matière de santé est pourtant à l’ordre du jour des organisations internationales et des ONG depuis la fin des années 1970 (1978, Déclaration d’Alma-Ata ; 1994, Conférence internationale sur la population et le développement du Caire ; 2000, objectifs du Millénaire pour le développement 4, 5 et 6 ; 2015, objectifs de développement durable 3 et 6). Le maintien des disparités s’explique par les inégalités d’accès à une alimentation suffisante et équilibrée, à une hygiène correcte, à des soins réguliers ainsi que par les différences de niveau de scolarisation et de conditions de travail, de logement et de plus en plus d’ environnement. Les groupes les plus exposés aux problèmes de santé sont les pauvres des pays du Sud mais aussi ceux des sociétés du Nord qui ne peuvent se soigner correctement. En 2017, l’Assemblée mondiale de la santé a également mis en avant la question de la santé des réfugiés et déplacés (65,5 millions de personnes en 2016), exposés à toutes les violences et tous les risques sanitaires. risques sanitaires.
Mortalité infantile, 2016

Commentaire : Si à l’échelle mondiale la mortalité des enfants de moins de 1 an connaît une diminution rapide, celle-ci est ralentie en Afrique et en Asie de l’Ouest où les taux restent très élevés, pouvant atteindre près de trois fois la moyenne mondiale. Ce marqueur de pauvreté et de déficience des services de santé publique est encore accentué dans les zones de conflits.
Alors que les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) visaient une réduction de 75 % de la mortalité maternelle entre 1990 et 2015, celle-ci n’a été que de 44 % (216 décès pour 100 000 naissances) et reste la première cause de mortalité féminine dans les pays du Sud, où elle touche surtout les populations pauvres, rurales et adolescentes. Elle s’explique par le recul du sida, les incitations à l’accouchement accompagné par un personnel spécialisé, un suivi des grossesses et de leurs suites et une meilleure information, autant d’éléments qui restent inaccessibles à de très nombreuses femmes. Le décès maternel sur la vie entière concerne en 2015 une femme sur 36 en Afrique subsaharienne contre une femme sur 4 900 dans les pays à revenu élevé, et dans plus de la moitié des cas ses causes sont évitables (hémorragie, infection et tension). 225 millions de femmes dans le monde ont un besoin non satisfait de planification familiale et on compte chaque année 89 millions de grossesses non planifiées, 48 millions d’avortements et 10 millions de fausses couches dans les pays en développement. Outre la déstructuration des cellules familiales, le décès des mères entraîne souvent la déscolarisation des enfants, et surtout des filles, qui doivent subvenir aux besoins domestiques. Pour rompre ce cycle, l’ ONU prône le développement d’une couverture de santé universelle, comprenant la santé sexuelle et reproductive avec pour cible prioritaire les femmes les plus pauvres et exclues de leur droit fondamental (reconnu par 179 États lors de la Conférence du Caire en 1994) à disposer des connaissances, de la capacité et des moyens d’avoir des enfants au moment et à la fréquence qu’elles souhaitent.
Accès à la santé, 2014

Commentaire : L’écart spectaculaire entre les valeurs les plus faibles et les plus fortes des dépenses publiques et privées de santé par habitant dans les différents pays du monde (700 fois plus en Suisse qu’à Madagascar) témoigne des inégalités d’accès à la santé. Déficience des investissements publics et impossibilité pour les familles de financer le recours aux structures privées se cumulent pour la majorité des habitants de l’Afrique, de l’Asie de l’Ouest et du Sud-Est.
Menaces sur la santé publique mondiale
Outre des progrès insuffisants dans les domaines de l’eau (au moins 1,8 milliard de personnes consomment une eau de boisson contaminée par des matières fécales) et de l’assainissement (2,4 milliards n’ont pas accès à des toilettes ou des latrines), les risques sanitaires liés à l’environnement augmentent considérablement et sont aujourd’hui responsables de 12,6 millions de décès par an. Bassins fluviaux aux bilans hydriques déficitaires (plus de 40 % de la population mondiale ne dispose pas d’un approvisionnement en eau suffisant), pollution des eaux (80 % des eaux usées sont déversées dans les cours d’eau ou dans la mer sans traitement préalable), de l’air (92 % des habitants de la planète respirent de l’air contenant trop de particules fines, responsable de 7 millions de décès annuels) et des sols.
Enfin, la menace qui perdure malgré les progrès est celle de ne pouvoir se soigner correctement, bien que le droit à la sécurité sociale ait été reconnu comme un droit humain fondamental depuis 1948. En 2017, 400 millions de personnes n’ont pas accès aux services essentiels de santé, tandis que la généralisation de la couverture sanitaire universelle, mise sur l’agenda mondial depuis 2000, tarde à voir le jour dans nombre de pays.
- aide > Aide publique au développement
- Dons et prêts accordés par les pays développés (aide bilatérale) et les institutions internationales (aide multilatérale) aux pays en développement et moins avancés : aide alimentaire, assistance technique, assistance militaire, remises de dette, etc. L’aide bilatérale (2/3 de l’aide mondiale) génère des liens de dépendance (obligation d’acheter biens et services aux entreprises du donateur). Mise en place durant la guerre froide et les décolonisations, elle a été utilisée pour créer ou maintenir des liens entre les États-Unis et l’URSS et leur bloc, les anciennes métropoles et leurs anciens empires. L’objectif de porter l’APD à 0,7 % du PIB des pays développés, fixé en 1970 par l’ONU, n’a, sauf exceptions, jamais été atteint. L’Union européenne est la première pourvoyeuse mondiale d’aide. L’aide multilatérale est conditionnée au respect de critères de « bonne gouvernance », économiques et politiques.
- sociétés civiles > Société civile
- À l’échelle nationale, la société civile désigne une entité sociale distincte de l’État et dépassant les individus et les groupes qui la composent (classes sociales, catégories socioprofessionnelles, générations…). La notion de société civile mondiale est apparue au cours des années 1970 (John Burton, World Society) et désigne l’ensemble des relations sociales construites hors du contrôle de l’État sur la scène internationale par la mobilisation de ressortissants de tous les pays pour revendiquer des régulations infra ou supranationales. L’expression masque toutefois une grande diversité. La notion de société-monde apparaît pendant les années 1990 chez les géographes et désigne le processus le plus englobant de création d’un espace social à l’échelle de la planète.
- inégalités > Inégalité
- Répartition inégale des biens, matériels et/ou immatériels, considérés comme nécessaires ou désirables. Outre les inégalités de revenus (internes, internationales et mondiales), les inégalités, cumulatives, se mesurent également en matière d’accès aux services publics (accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi, à un logement, à la justice, à une sécurité effective, etc.), à la propriété et plus largement aux ressources naturelles, ainsi qu’en matière d’expression politique ou de capacité de réaction face au risque écologique. Lorsque ces inégalités se fondent sur des critères prohibés par la loi, elles constituent des discriminations.
- ONG > Organisation non gouvernementale
- L’usage de cette expression s’est développé à la suite de son insertion dans l’article 71 de la Charte des Nations unies. Il n’existe pas de statut juridique international des ONG, si bien que ce sigle désigne des acteurs très différents selon les discours et les pratiques. Il s’agit généralement d’associations constituées de manière durable par des particuliers en vue de réaliser des objectifs non lucratifs, souvent liés à des valeurs et des convictions (idéologiques, humanistes, écologiques, religieuses, etc.) et non des intérêts. Actives tant à l’échelle locale que mondiale, sur des thèmes divers, les ONG se comptent aujourd’hui par dizaines de milliers, mais sont d’importances très inégales en termes de budget, de personnel et de développement.
- environnement > Environnement
- L’environnement est entendu largement comme la biosphère dans laquelle les espèces vivantes cohabitent, tandis que l’écologie étudie les rapports entre ces organismes et leur environnement. L’environnement comprend des milieux naturels très différents allant des forêts vierges laissées intactes aux milieux artificialisés exploités et aménagés par l’être humain. Dans une définition restrictive, on entend par questions environnementales les enjeux se rapportant aux ressources naturelles (gestion, exploitation et dégradation) et à la biodiversité biologique (faune et flore). En tant que problème public transversal, l’environnement concerne les enjeux d’organisation des sociétés (modèles de production, transports, infrastructures, etc.) et leurs effets sur la santé humaine et des écosystèmes.
- Sud
- Voir Nord et Sud
- Nord
- Voir Nord et Sud
- réfugiés > Réfugié
- Personne se trouvant à l’extérieur de son pays et à qui le pays dans lequel elle se trouve a reconnu le statut de réfugié tel que défini dans la Convention de Genève de 1951, qui accorde la protection et l’assistance du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, et qui se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». Ce terme ne doit pas être confondu avec celui de demandeur d’asile, correspondant aux personnes ayant fui leur pays et ayant déposé auprès des autorités du pays d’accueil ou du HCR une demande d’asile afin de bénéficier du statut de réfugié. Un réfugié a donc été demandeur d’asile mais tous les demandeurs d’asile ne voient pas leur demande acceptée (ces déboutés du droit d’asile doivent alors quitter le territoire).
- déplacés > Déplacés
- Selon l’Organisation internationale pour les migrations, le terme désigne les personnes ou groupes qui ont été forcés ou contraints à fuir ou quitter leur foyer ou leur lieu de résidence habituel, notamment en raison d’un conflit armé, de situations de violence généralisée, de violations des droits de l’homme ou de catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme ou pour en éviter les effets, et qui n’ont pas franchi les frontières internationalement reconnues d’un État. En anglais IDPs (internally displaced persons).
- risques > Risque
- Perception et prise en compte des dangers et menaces à l’égard des individus et de l’environnement. Apparue scientifiquement et politiquement à la fin du xixe siècle avec l’émergence d’un État-providence destiné à faire face aux nouveaux risques sociaux, la notion de risque s’est développée lors des dernières décennies avec la mondialisation des échanges et des innovations scientifiques et technologiques. Dans La Société du risque (1986), le sociologue allemand Ulrich Beck analyse le passage de sociétés « modernes » construites sur le dogme de la croissance économique et du progrès technique à des sociétés « postmodernes » centrées sur la production, la gestion et la régulation des risques. En témoigne l’essor du principe de précaution, destiné à anticiper les conséquences possibles ou probables d’une catastrophe dite naturelle ou industrielle, d’une épidémie ou d’une innovation technologique pour protéger les populations concernées.