Genre et insécurité
Depuis les années 1990, les études féministes ont démontré la sous-représentation et l’exclusion des femmes dans les négociations et le manque de visibilité de leur rôle dans les conflits. Pourtant, les femmes sont touchées par des formes de violences sexuées spécifiques, comprenant le risque de grossesse par suite d’un viol. L’expression « viols systématiques, comme arme de guerre », apparue en 1992, rend compte de l’utilisation stratégique des violences sexuelles comme action guerrière visant la destruction de l’ennemi. Cet usage n’est pas récent et le nombre de victimes est difficile à évaluer. En 1993, le Statut du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a inclus le viol parmi les crimes contre l’humanité, également reconnu dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale en 1998. En 2000, le Conseil de sécurité a adopté une première résolution visant à renforcer la participation des femmes dans les processus de paix et à condamner les actes de violence sexistes. Pourtant, en 2016, l’ONU dénonçait encore l’usage des violences sexuelles comme tactiques de guerre et de terrorisme.
Commentaire : Les données de 2013 de l’OMS et de l’ONU montrent les fortes inégalités en matière de droits des femmes dans le monde : un quart des pays n’ont pas adopté de loi garantissant l’égalité entre les femmes et les hommes et un tiers sur l’âge statutaire du mariage. La géographie des violences exercées par des partenaires intimes concerne surtout les pays du Sud et la Russie, alors que les violences exercées par d’autres que le partenaire y ajoutent l’Amérique du Nord et l’Europe.
- viol > Viol
- Le viol est une forme de criminalité qui utilise la sexualité humaine (sous toutes ses formes) comme outil de torture et de destruction de l’intégrité physique et identitaire de la victime, sans inclure forcément la mort. Ses conséquences perdurent dans le temps (grossesses, maladies, fardeau psychologique, stigmatisation sociale et/ou familiale). Les violences sexuelles introduisent une dissymétrie liée aux conditions de la reproduction humaine, puisque seules les femmes violées peuvent tomber enceintes. Le viol est une forme de violence extrême et un crime de profanation pour la personne sociale et morale concernée (destruction de l’honneur de la famille dans certaines cultures, sentiments de honte des victimes). Depuis les années 1990, l’utilisation du viol systématique comme arme de guerre est reconnue.
- Cour pénale internationale > Cour pénale internationale (CPI)
- Adopté le 17 juillet 1998, le Statut de Rome crée la CPI, compétente pour juger les crimes de guerre, contre l’humanité, de génocide et, depuis 2010, d’agression commis après l’entrée en vigueur du Statut le 1er juillet 2002. Elle peut être saisie par le Conseil de sécurité, le procureur ou un État partie, et fonctionne selon le principe de complémentarité (elle ne remplace pas les systèmes judiciaires nationaux et n’intervient qu’en cas d’incapacité ou d’absence de volonté de ces derniers). Contournée (par les États-Unis notamment), critiquée (pour son inefficacité, ou du fait de l’importance numérique des affaires africaines), la CPI a fait face à des notifications de retrait. Au printemps 2018, seul le Burundi en est sorti (le retrait des Philippines prendra effet en mars 2019).
- Conseil de sécurité
- Selon la Charte des Nations unies, le Conseil de sécurité détient la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il est composé de cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie), qui peuvent chacun faire échouer un projet de résolution par un vote négatif (droit de veto), et de dix membres élus (six jusqu’en 1965) par l’Assemblée générale pour une période non immédiatement renouvelable de deux ans. Ses résolutions ont un caractère contraignant.
- guerre > Guerre
- Affrontement violent entre groupes armés sur des valeurs, des statuts, des pouvoirs ou des ressources rares, et dans lequel le but de chacun est de neutraliser, d’affaiblir ou d’éliminer ses adversaires. Cette violence armée collective organisée peut être le fait d’États (via leurs armées nationales) ou de groupes non étatiques ; elle peut opposer plusieurs États (guerre interétatique) ou se dérouler à l’intérieur d’un État (guerre civile). Progressivement codifiées et encadrées par le droit, les premières sont devenues rares, tandis que les secondes, aujourd’hui essentiellement causées par la défaillance institutionnelle des États, tendent à s’internationaliser, à perdurer (parfois des décennies) et à être extrêmement meurtrières, surtout pour les populations civiles.
- terrorisme > Terrorisme
- Méthode d’action violente inspirant l’anxiété (la terreur) et généralement utilisée dans une relation asymétrique (le faible s’attaque au fort). Au contraire de l’acte de guerre ou de l’assassinat politique où la cible (l’ennemi) est directement visée par la violence, les victimes du terrorisme sont instrumentales, le but des terroristes étant, à travers la médiatisation de leur violence, de créer un climat de peur et d’insécurité chez tous ceux qui en sont les témoins, et de provoquer ainsi un chaos social, juridique et politique censé affaiblir les États ou les sociétés visés. En l’absence d’une définition unanime du terrorisme, le terme est fréquemment utilisé pour délégitimer les actions de ses adversaires, sans que ceux-ci ne se revendiquent eux-mêmes terroristes.