Alimentation
Projet d'agriculture communautaire à impact rapide soutenu par la MINUSMA, Gao, Mali, mai 2017
Crédit : UN Photo / Harandane Dicko
Projet d'agriculture communautaire à impact rapide soutenu par la MINUSMA, Gao, Mali, mai 2017.
Les modèles de développement des pays africains après les indépendances et les contraintes des politiques d’ajustement structurel ont délaissé les agricultures vivrières, mettant ainsi les plus pauvres à la merci des irrégularités des prix mondiaux des produits agricoles et aggravant la malnutrition et le chômage, y compris dans les campagnes, poussant à l’exode rural, à la migration internationale ou à l’enrôlement dans des conflits armés. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) soutien l’amélioration des conditions de vie communautaires, la production de nourriture (légumes, élevage, pisciculture) et l’emploi des jeunes.
Résumé
Après une période de recul au début du millénaire, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde augmente de nouveau et la famine est de retour ou menace de sévir dans les zones de conflit en Afrique. Pourtant, la quantité d’aliments produite est suffisante pour nourrir tous les habitants de la planète et l’obésité touche 13 % de la population adulte mondiale.
Le débat sur l’adéquation entre populations et ressources a été ouvert par Thomas Malthus au début du xix e siècle. Dans un tout autre contexte aujourd’hui, alors que la quantité d’aliments est suffisante pour nourrir tous les habitants de la planète, le nombre de personnes sous-alimentées, après une période de recul (900 millions en 2000, 777 millions en 2015), repart à la hausse (815 millions en 2016, soit 11 % de la population). En 2017, la famine est de retour dans les zones de conflits au Soudan du Sud et menace ailleurs en Afrique. Face à des projections qui évaluent à plus de 9 milliards la population en 2050, relever le défi alimentaire nécessite la prise en compte de toutes les formes de malnutrition, de tous les types d’acteurs et de la durabilité des systèmes de production alimentaire.
Commentaire : Selon les estimations de la FAO et en considérant une moyenne sur trois ans (2014-2016), la prévalence de la sous-alimentation (dégradé de couleur) atteint 30 à 50 % de la population dans de nombreux pays africains où la disponibilité en produits alimentaires et la capacité à s’en procurer sont les plus faibles. Cette situation est aggravée par les conflits (qui expliquent l’absence de données pour la RDC, le Soudan, le Soudan du Sud et la Libye). Si l’on considère le nombre d’individus sous-alimentés (les carrés proportionnels), les effectifs importants se situent en Inde (194 millions) et en Chine (134 millions), même si leur part dans la population nationale n’est pas la plus élevée.
Les trois malnutritions
Trois types de malnutrition coexistent et pèsent différemment sur les sociétés. À la sous-nutrition calorique s’ajoutent une surnutrition calorique en forte augmentation et des carences en vitamines et minéraux qui perdurent. Cette « faim cachée » a concerné 2 milliards de personnes en 2015, principalement en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et de l’Est et chez les plus pauvres des pays riches.
Commentaire : Ce nuage de points combine la part de la population en sous-poids (en abscisses) à celle en surpoids (en ordonnées) en 2014. Pour presque tous les États, la seconde est plus importante que la première. Les populations d’Amérique, d’Europe et d’autres États (dont l’Égypte et l’Iran) souffrent pour plus de la moitié de surpoids contre moins de 5 % de sous-poids. Celles d’Asie et de certains pays africains présentent une situation intermédiaire (20-30 % de surpoids et 5-15 % de sous-poids). Alors que celles du sous-continent indien présentent les plus forts taux de sous-poids (plus de 20 %, autant que le surpoids).
Les nouveaux modes de consommation et une moindre activité physique sont responsables d’un doublement de la prévalence de l’obésité (600 millions d’adultes soit 13 % de la population adulte mondiale). En 2014, 2,2 milliards de personnes en surpoids ou obèses sont exposées à la surmortalité due au diabète. Les plus pauvres cumulent toutes les malnutritions : dénutrition des enfants, obésité des adultes et des carences qualitatives pour tous. L’ insécurité alimentaire est un facteur de surmortalité, de violence et d’instabilité, surtout dans les sociétés à fortes inégalités et dans les États faibles. L’absence de nourriture ou d’accès à des aliments sains est autant un marqueur de pauvreté et d’injustice que de l’absence de politiques publiques de soutien aux agricultures vivrières, à la mise à disposition d’eau propre, aux services de santé et à l’information nutritionnelle, ce à quoi s’ajoutent les conséquences des conflits et du changement climatique.
Mondialisations agricole et alimentaire
Le modèle de modernisation agro-industrielle de la révolution verte des années 1970, initié par des multinationales et fondations étatsuniennes (mécanisation, semences hybrides, fertilisants et pesticides de l’ agriculture intensive), a permis l’augmentation des quantités produites et la lutte contre les famines mais s’est révélé destructeur pour l’ environnement et les sociétés.
Ce même modèle, renforcé par les innovations de l’industrie chimique et génétique et la concentration des entreprises, constitue la base d’un marché mondial des produits agricoles de plus en plus complexe et diversifié quant aux produits, acteurs et connexion entre des lieux. Si les sources statistiques renseignent sur les échanges entre États (à partir des barrières tarifaires et non tarifaires), elles ne disent pas grand-chose des circulations et interdépendances transnationales tout au long d’une chaîne de valeur longue et éclatée. La part des produits agricoles dans le commerce des marchandises a diminué de 20 % à 8 % en 50 ans, mais reste un enjeu économique, géopolitique, social et sécuritaire pour les États qui doivent composer avec les nombreux acteurs privés impliqués (investisseurs, semenciers, producteurs, transporteurs, armateurs, bourses, assureurs, distributeurs, publicitaires, etc.).
Commentaire : La source de cette carte est Land Matrix. Cette base de données est produite par un réseau mondial et indépendant de chercheurs, décideurs et citoyens qui répertorient les transactions foncières agricoles internationales à partir de multiples sources (recherche académique, organisations internationales, ONG, secteur privé, etc.). Les données varient rapidement (nouveaux contrats, échecs de transactions, etc.) et la base de données est constamment mise à jour. La carte montre donc un état cumulé sur 15 années : outre l’importance mondiale du phénomène, elle montre nettement la géographie des investisseurs (entreprises des pays du Nord, d’Asie et du Golfe) et celle des cibles d’investissements (Afrique, Amérique du Sud, Asie du Sud et Ukraine).
La géographie des flux montre l’émergence de nouveaux grands producteurs comme le Brésil, l’ampleur de la demande chinoise et l’importance des achats internationaux de terres. La hiérarchie des produits se modifie (diminution des céréales, augmentation des volailles et de la viande, explosion de l’huile de palme). Les agricultures vivrières (500 millions de petits agriculteurs dans le monde), sacrifiées par les politiques développementalistes et par le Consensus de Washington, restent encore en dehors de ces échanges.
Ce commerce irrigue une autre mondialisation, celle d’une alimentation industrielle faite de produits standardisés de masse, de médiocre qualité nutritionnelle et bon marché, que les firmes globales de l’agroalimentaire, de la grande distribution et de la restauration rapide fournissent à des consommateurs urbains, y compris dans les pays du Sud et au sein des groupes sociaux pauvres des pays du Nord.
Mieux s’alimenter
Commentaire : Les grandes enseignes de restauration rapide contribuent à la mondialisation alimentaire (produits standardisés bon marché de médiocre qualité nutritionnelle) et à l’augmentation du nombre de personnes en surpoids et obèses. La répartition des près de 140 000 points de vente dans 148 pays en 2014, selon The Economist, est très inégale (taille des points). À l’image de l’histoire de leur expansion, la moitié se trouve aux États-Unis et de nombreux pays d’Afrique n’en comptent aucun. En rapportant ces chiffres à la population de chaque État (dégradé de couleur), on voit que l’offre par habitant est la plus élevée en Amérique du Nord, Australie et Europe, alors qu’en Chine, deuxième pays pour le nombre de points de vente, l’offre ne concerne qu’une partie marginale de la population.
Produits emballés, sodas, plats cuisinés, hamburgers, pizzas, sushis, kebabs, etc., avec ou sans adaptation locale des goûts, trop riches en sucres et en graisses, contribuent à l’augmentation du nombre de personnes en surpoids et obèses. Ce système alimentaire suscite à la fois une uniformisation (notamment avec une part plus importante de produits de l’élevage) et un métissage.
ONG, organisations internationales, réseaux de chercheurs et de médecins, associations de consommateurs et agriculteurs innovants opposent l’ agroécologie à l’agro-industrie. En produisant des rapports, des bases de données collaboratives, des campagnes éducatives, des actions de groupes et de boycott, ces acteurs promeuvent d’autres façons de se nourrir (agriculture bio, permaculture, flexitarisme, arrêt de la souffrance animale, circuits courts, agriculture urbaine, continuum urbain/rural, commerce équitable, coopératives de semences, labellisation, traçabilité, étiquetage des impacts environnementaux, etc.) et contribuent à l’émergence d’une approche plus intégrée des questions de sécurité humaine et de nutrition dans un espace glocal. Ils pointent aussi l’absence de régulation de marchés très spéculatifs, de contrôle de la recherche et développement agrochimique et biotechnologique, ainsi que des rapports ambigus entre le public et le privé. Tenus par leurs choix politiques, le poids des lobbys et des normes et des arbitrages privés, les États tardent à répondre à ces appels des sociétés civiles, d’autant que les instances de gouvernance sont multiples (diplomatie de clubs) et les organisations internationales éparpillées (FAO, PAM, FIDA, OMC, PNUD, CNUCED, UNEP).
- malnutrition > Malnutrition
- La malnutrition est un déséquilibre régulier de la ration alimentaire quotidienne en quantité et/ou en qualité (obèses des pays riches ou personnes sans alimentation satisfaisante en raison de leur pauvreté). La famine est définie comme la rupture absolue de nourriture pour des populations entières, entraînant à brève échéance la mort si rien n’est fait pour interrompre le processus. Entre malnutrition et famine, la sous-alimentation correspond à une accessibilité amoindrie à la nourriture en raison de circonstances économiques (flambée des prix) ou d’une raréfaction des disponibilités (en période de soudure entre deux récoltes notamment) ou chronique (conflictualité durable).
- insécurité alimentaire > Sécurité alimentaire
- Apparue lors du Sommet mondial de l’alimentation de 1974, la notion de sécurité alimentaire a été progressivement développée, intégrant différentes dimensions – accès, disponibilité, qualité, stabilité – que la définition du Sommet de 1996 a réunies : « La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. » Elle est une des sept dimensions de la sécurité humaine définie par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1994.
- États faibles > État effondré
- État incapable d’assurer la sécurité de sa population (fin du contrat social) et le contrôle de son territoire (fin de la souveraineté). Le pays se trouve alors dans une situation de non-gouvernement, génératrice de violence pouvant mener à l’éclatement (par exemple, Congo, Somalie, Afghanistan, etc.). Une telle qualification par la communauté internationale peut toutefois s’avérer arbitraire et masquer des jeux d’intérêts et de puissance.
- pauvreté > Pauvreté
- Désignant initialement le manque de ressources économiques, la notion de pauvreté s’est élargie, au cours des dernières décennies, afin d’inclure les différentes composantes du dénuement : conditions sanitaires déplorables, faible niveau d’éducation, inégalités sociales et de genre, violations des droits humains, atteintes à l’environnement, vulnérabilité accrue face aux catastrophes dites « naturelles ». L’indice de développement humain (IDH) élaboré par le Programme des Nations unies pour le développement au milieu des années 1990 (ainsi que sa variante genrée, l’indice sexospécifique de développement humain, ISDH) ou l’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) conçu par des chercheurs de l’université d’Oxford en 2010 s’inspirent des travaux d’Amartya Sen sur les capacités (capabilities) en identifiant les privations dont sont victimes les pauvres en termes de santé, d’éducation et de niveau de vie.
- agricultures vivrières > Agriculture vivrière
- Dominante en nombre d’exploitations et de travailleurs, en surface cultivée et capacité à nourrir, elle comporte toutes sortes de pratiques de cultures ou d’élevage dont la production est destinée à ceux qui produisent (et les surplus au marché local) et joue un rôle important dans la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles et la préservation de l’environnement. Dévalorisée (un passé dépassé) ou survalorisée (retour à la terre, agroécologie) et occultée par le modèle dominant d’agro-industrie, elle a souffert du manque d’intérêt des États (besoins d’accès à la terre, l’eau, la technologie, le crédit, la formation). La persistance de la malnutrition, le retour des famines et les critiques contre l’alimentation industrielle incitent aujourd’hui ONG et OI à la placer au cœur des politiques agricoles, sociales et environnementales.
- révolution verte > Révolution verte
- Transformation rapide des conditions de la production agricole lancée au cours des années 1960 dans les pays du Sud (surtout en Asie) par les États, les organismes de développement et les firmes de l’agrobusiness pour lutter contre la malnutrition, la pauvreté et la propagation des révolutions communistes. Elle s’est traduite par l’utilisation d’engrais, de pesticides et de semences sélectionnées, par une mécanisation et par une forte augmentation des rendements qui ont globalement fait reculer la malnutrition quantitative. Ses conséquences sociales (liquidation de l’agriculture familiale par endettement) et environnementales (pollution et dégradation des sols et de l’eau, réduction de la biodiversité) sont importantes. L’étape suivante est la généralisation des organismes génétiquement modifiés (OGM).
- agriculture intensive > Agriculture intensive
- Agriculture caractérisée par un usage massif d’intrants de synthèse (produits phytosanitaires tels qu’engrais chimiques, pesticides, herbicides, fongicides, etc.), par une mécanisation poussée (labour, traitements, récoltes, soins aux animaux), par une sélection variétale et désormais aussi par une ingénierie génétique (OGM). Elle permet ainsi d’augmenter les rendements agricoles à court et moyen termes, au prix d’une atteinte à la biodiversité, à l’environnement et à la santé (pollution des sols, des nappes phréatiques et des cours d’eau souterrains, érosion, désertification). Parmi les alternatives figurent l’agriculture raisonnée, l’agriculture biologique, l’agroécologie et la permaculture.
- environnement > Environnement
- L’environnement est entendu largement comme la biosphère dans laquelle les espèces vivantes cohabitent, tandis que l’écologie étudie les rapports entre ces organismes et leur environnement. L’environnement comprend des milieux naturels très différents allant des forêts vierges laissées intactes aux milieux artificialisés exploités et aménagés par l’être humain. Dans une définition restrictive, on entend par questions environnementales les enjeux se rapportant aux ressources naturelles (gestion, exploitation et dégradation) et à la biodiversité biologique (faune et flore). En tant que problème public transversal, l’environnement concerne les enjeux d’organisation des sociétés (modèles de production, transports, infrastructures, etc.) et leurs effets sur la santé humaine et des écosystèmes.
- circulations > Circulation
- Hommes, marchandises, services, capitaux, informations, idées, valeurs et modèles sont objets de transferts et d’échanges de plus en plus importants. L’augmentation, la diversification et l’accélération des circulations caractérisent les processus actuels de mondialisation. Elles mettent en relation des espaces économiques et sociaux, par l’intermédiaire de réseaux qui, selon leur densité, leur fluidité, leur débit et leur hiérarchie peuvent profondément les différencier. De toutes les circulations, l’information au sens le plus large du terme est celle qui connaît la croissance la plus rapide, alors que celle des hommes est celle qui rencontre le plus d’obstacles.
- géopolitique > Géopolitique
- Étude des rivalités de pouvoir pour des territoires, généralement d’États, en concurrence pour l’espace et dont le mode d’action est l’usage, direct ou indirect, de la violence organisée. Traduction du terme allemand Geopolitik (1897), ses définitions et ses usages ont varié dans le temps. Friedrich Ratzel et Rudolf Kjellén considèrent les rapports entre la politique de l’État et les données « géographiques », Karl Haushofer traite des rapports entre le sol, le sang et la race et définit l’espace vital qui fonde la propagande nazie (d’où l’abandon postérieur du terme) et Halford John Mackinder parle des bases « géographiques » de la puissance militaire, opposant les foyers continentaux aux couronnes maritimes. Plus récemment, Yves Lacoste insiste sur l’importance des représentations, l’idée de nation étant pour lui la plus forte des représentations géopolitiques. La géostratégie est la géopolitique orientée vers l’action (militaire ou économique).
- Consensus de Washington
- Appellation qui recouvre à partir de 1989 les recommandations aux États de l’économiste John Williamson et des institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale) en vue de libéraliser leurs économies. Ces plans d’ajustement structurel (discipline et réforme fiscale, réorientation des dépenses publiques, libéralisation des échanges et privatisation des entreprises publiques) ont eu une grande influence en Amérique latine, en Afrique et dans les pays postcommunistes. Leurs résultats économiques ont été variables et leurs conséquences sociales dramatiques dans des États déjà dépourvus de politiques publiques redistributives.
- firmes globales > Firme multinationale
- Entreprise ayant réalisé des investissements directs à l’étranger (IDE) lui permettant de posséder des implantations qu’elle contrôle entièrement ou partiellement (des filiales). Les premières datent de la fin du xixe siècle ; elles se sont généralisées au début du xxie siècle. La majorité des IDE se font entre pays industrialisés. Plus que multinationales, ces entreprises sont transnationales et ont tendance, pour les plus importantes, à se transformer en entreprises-réseaux globales.
- Sud
- Voir Nord et Sud
- Nord
- Voir Nord et Sud
- métissage > Métissage
- Mélange ou hybridation, biologique et/ou culturel, il s’accélère à la période contemporaine mais concerne les temps longs de l’histoire de l’humanité. C’est l’obsession du modèle de l’État national territorial fermé aux circulations et homogène en termes d’identité (voire d’ethnie ou de race dans certains cas) et de culture, qui occulte cette dimension présente dans presque toutes les sociétés du monde. Certaines périodes de mobilité accrue des populations sont des accélérateurs de métissage (« découverte » du Nouveau Monde, colonisation du xixe siècle et depuis la fin du xxe siècle). Certains régimes politiques ont tenté ou tentent de le nier et le combattent (obstacles aux mariages « mixtes », relégations, ghettoïsation, déplacements de populations, épurations ethniques, exterminations, génocides).
- agroécologie > Agroécologie
- En tant que pratique agricole, l’agroécologie intègre l’agriculture biologique dans une gestion écologique plus vaste de l’espace cultivé (compostage, complémentarité entre espèces, haies et futaies, cultures sur buttes, etc.) afin d’améliorer la biodiversité et l’usage de l’eau, de favoriser le reboisement et de lutter contre l’érosion. En tant qu’approche scientifique transdisciplinaire (agronomie, écologie, économie, sociologie), l’agroécologie s’appuie sur les échanges entre agriculteurs, scientifiques, militants sociaux et environnementaux et décideurs politiques. Les débats sur l’agroécologie croisent les thèmes de la transition énergétique, de l’agriculture paysanne, des revendications en matière de souveraineté alimentaire, de l’économie circulaire et des circuits courts retissant le lien entre producteurs et consommateurs (« consom-acteurs »). L’agriculture biologique est caractérisée par le refus d’utiliser des intrants chimiques (ou leur stricte limitation à des cas exceptionnels et temporaires) et des organismes génétiquement modifiés (OGM) et s’efforçe de réhabiliter des pratiques agricoles traditionnelles nécessitant une main-d’œuvre plus nombreuse que l’agriculture intensive (recyclage des matières organiques, rotation des cultures, élevage peu intensif, irrigation traditionnelle, cultures locales).
- flexitarisme > Flexitarisme
- Le flexitarisme est une pratique alimentaire consistant à diminuer la consommation de viande et de poisson sans y renoncer totalement. Le terme évoque une application flexible du végétarisme, qui exclut de l’alimentation les produits issus de l’abattage des animaux (viande, poisson, crustacés, mollusques, gélatine). Le végétalisme exclut également les produits d’origine animale n’ayant pas provoqué la mort de celui-ci (œufs, lait, miel) tandis que le véganisme s’oppose à l’exploitation ou à la cruauté à l’égard des animaux pour l’alimentation, l’habillement (cuir, laine, fourrure), les produits d’hygiène (cire, colorants), les loisirs (corrida, cirque, zoo) et les tests faits sur les animaux.
- sécurité humaine > Sécurité humaine
- Développé au cours des années 1990, le concept de sécurité humaine s’appuie sur une vision élargie de la sécurité, au-delà de la sécurité des États et des menaces militaires. Le rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) de 1994 propose sept composantes (alimentaire, sanitaire, environnementale, politique, économique, individuelle, communautaire) et la définit ainsi : « la protection contre les menaces chroniques, telles que la famine, la maladie et la répression ainsi que la protection contre tout événement brutal susceptible de perturber la vie quotidienne ou de porter préjudice à son organisation dans les foyers, sur le lieu de travail ou au sein de la communauté ». Critiquée pour son manque d’opérationnalité, elle reste une notion clé des relations internationales contemporaines.
- régulation > Régulation
- Le terme régulation désigne l’ensemble des processus et des mécanismes qui permettent le fonctionnement normal et régulier d’un système. Appliquée à l’international, l’expression désigne l’ensemble des processus, des mécanismes et des institutions qui œuvrent à la correction des déséquilibres susceptibles de menacer l’ordre mondial ainsi qu’à la prévisibilité du comportement des acteurs, donc à la stabilité. Elle est étroitement liée aux notions de gouvernance et de biens publics mondiaux.
- recherche et développement > Recherche et développement
- Investissements des entreprises (en interne ou externalisé) dans les activités de recherche fondamentale, appliquée et expérimentale pour développer des connaissances permettant la création de nouveaux produits et des gains de productivité. Ces activités sont centrales dans la concurrence entre les firmes multinationales, leurs logiques de déploiement dans l’espace mondial (moins délocalisées que la production matérielle), les négociations internationales (brevets), les liens États/entreprises (recherche publique/privée) et les rapports Nord/Sud.
- lobbys > Lobby
- Groupe de pression ou d’intérêt dont le but est d’influencer les autorités politiques pour qu’elles prennent des décisions dans l’intérêt des membres composant le lobby. Selon les cultures politiques des différents États, les lobbies sont plus ou moins reconnus et acceptés dans le jeu politique, et plus ou moins transparents et licites dans leurs méthodes et actions. La technicité croissante des négociations commerciales et l’imbrication complexe des niveaux et processus de décision les conduisent à se doter de fonds proportionnels aux enjeux qu’ils défendent et à recourir à des experts de haut niveau pour préparer leurs dossiers. Ils jouent un rôle important dans les processus d’élaboration des législations aux États-Unis, dans les institutions de l’Union européenne ou encore à l’OMC.
- sociétés civiles > Société civile
- À l’échelle nationale, la société civile désigne une entité sociale distincte de l’État et dépassant les individus et les groupes qui la composent (classes sociales, catégories socioprofessionnelles, générations…). La notion de société civile mondiale est apparue au cours des années 1970 (John Burton, World Society) et désigne l’ensemble des relations sociales construites hors du contrôle de l’État sur la scène internationale par la mobilisation de ressortissants de tous les pays pour revendiquer des régulations infra ou supranationales. L’expression masque toutefois une grande diversité. La notion de société-monde apparaît pendant les années 1990 chez les géographes et désigne le processus le plus englobant de création d’un espace social à l’échelle de la planète.
- gouvernance > Gouvernance
- Inspirée de la gestion et de l’entreprenariat, l’expression gouvernance globale renvoie aux institutions formelles et informelles, mécanismes et processus par lesquels s’établissent et se structurent les relations entre États, citoyens, marchés et organisations internationales et non gouvernementales à l’international. Le système de gouvernance globale tend à articuler les intérêts collectifs, à établir des droits et obligations, à arbitrer les différends et à déterminer les modes de régulation appropriés aux objets et acteurs concernés. La gouvernance prend différentes formes : gouvernance multilatérale universelle, gouvernance de club (réservée à certains membres comme le G7/8/20), gouvernance polycentrique (juxtaposition d’instruments de régulation et de gestion à différentes échelles), etc.
- organisations internationales > Organisation internationale
- Selon Clive Archer, une OI est « une structure formelle, durable, établie par un accord entre ses membres (gouvernementaux et/ou non gouvernementaux), à partir de deux ou plusieurs États souverains, dans le but de poursuivre un intérêt commun aux membres ». Marie-Claude Smouts désigne trois traits distinctifs des OI : elles procèdent d’un « acte fondateur » (traité, charte, statut), s’inscrivent dans un cadre matériel (siège, financement, personnel), et constituent un « mécanisme de coordination ».