Transition énergétique
La transition énergétique désigne le passage du modèle énergétique actuel fondé sur les énergies fossiles à un modèle fondé sur les énergies durables (ce qui exclut le nucléaire). Elle implique une véritable volonté politique d’engager cette évolution, qui se traduit par la fixation par les gouvernements d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de hausse de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique des pays. Or, malgré la nécessité évidente de lutter contre les changements climatiques, le renforcement de la sécurité énergétique auquel mène la moindre dépendance envers les énergies fossiles (qui sont généralement importées), son impact positif sur l’emploi (les énergies renouvelables favorisant l’emploi local) et le soutien général de l’ opinion publique, cette transition se heurte aux difficultés de financement et à l’intense lobbying des producteurs traditionnels d’énergie qui freinent cette évolution. Comme tout secteur industriel naissant, celui des énergies renouvelables nécessite un soutien financier des pouvoirs publics pour qu’elles soient compétitives face aux énergies fossiles (tarifs de rachat préférentiels de l’électricité d’origine renouvelable, etc.).
Certes, partout dans le monde, d’importants investissements (tant publics que privés) sont réalisés en vue d’augmenter la production d’électricité d’origine renouvelable (en particulier éolien, solaire, etc.). Mais respecter les engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat en 2015 impose, en plus de substituer les énergies fossiles par des renouvelables, de changer les modes de consommation afin de diminuer drastiquement les besoins énergétiques de nos sociétés, notamment en matière de chauffage (maisons passives). Cet objectif de sobriété énergétique est l’un des plus sensibles politiquement car il impose un changement de mode de vie, délicat à assumer par les responsables politiques.
En Allemagne, où la sortie du nucléaire sera achevée en 2022, la loi de transition énergétique de 2016 a fixé d’ambitieux objectifs de réduction des émissions de GES, de proportion des renouvelables dans la production d’électricité et de baisse de la consommation d’énergie. Si la trajectoire actuelle rend peu probable que le pays atteigne tous ses objectifs, cette politique s’inscrit dans une stratégie de développement industriel cherchant à positionner l’Allemagne comme leader des énergies renouvelables dans le monde.
Transition énergétique allemande, 1990-2050

Commentaire :
- énergies fossiles > Énergies fossiles
- Ensemble des sources d’énergie issues de la décomposition de matière organique dans le sol sur des millions d’années (et qui sont donc, par définition, non renouvelables). Constituées d’un assemblage de molécules de carbone et d’hydrogène (on parle d’hydrocarbures), elles existent sous forme solide (charbon), liquide (pétrole) ou gazeuse (gaz naturel). Leur combustion, nécessaire pour produire de la chaleur transformable en énergie, engendre inévitablement la formation de gaz carbonique (CO2), l’un des gaz à effet de serre, dont l’accumulation dans l’atmosphère est responsable du réchauffement climatique global.
- mix énergétique > Mix énergétique
- Répartition des différences sources d’énergie primaire (charbon, pétrole, gaz naturel, nucléaire, etc.) utilisées pour la production de l’énergie consommée sous forme d’électricité, d’essence, etc. Le mix énergétique de chaque pays reflète la disponibilité des sources d’énergie ainsi que les choix politiques et industriels favorisant certaines sources d’énergie, à l’exemple du nucléaire en France. Les énergies fossiles dominent encore largement le mix énergétique mondial.
- changements climatiques > Changements climatiques
- L’ONU définit les changements climatiques comme « des changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables » (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques [CCNUCC], 1992). L’expression est utilisée pour décrire le réchauffement global à la surface de la Terre dont l’ampleur et la rapidité sont sans précédent dans l’histoire de la planète, et qui est le résultat de l’augmentation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (principalement dioxyde de carbone ou CO2, mais aussi méthane, protoxyde d’azote, perfluorocarbones, hydrofluorocarbones et hexafluorure de soufre).
- local > Local
- Voir Échelle
- opinion publique > Opinion publique
- Cette expression désigne l’ensemble des représentations socialement construites et véhiculées par les médias, les sondages, les élites, de ce qu’est censée penser la population sur les questions d’actualité. L’opinion publique sur l’international décrit l’opinion nationale s’exprimant sur les questions internationales. De nombreux acteurs, ONG, associations, firmes ou organisations internationales invoquent « l’opinion publique internationale », lui donnant par là même une certaine existence sociale. Pourtant, la transposition à l’échelle internationale d’un concept déjà contesté à l’échelle nationale pose problème : l’essor des mobilisations et des solidarités transnationales, exprimées à travers des mouvements de protestation ou de lobbying, n’exprime pas pour autant une opinion mondiale.
- lobbying > Lobby
- Groupe de pression ou d’intérêt dont le but est d’influencer les autorités politiques pour qu’elles prennent des décisions dans l’intérêt des membres composant le lobby. Selon les cultures politiques des différents États, les lobbies sont plus ou moins reconnus et acceptés dans le jeu politique, et plus ou moins transparents et licites dans leurs méthodes et actions. La technicité croissante des négociations commerciales et l’imbrication complexe des niveaux et processus de décision les conduisent à se doter de fonds proportionnels aux enjeux qu’ils défendent et à recourir à des experts de haut niveau pour préparer leurs dossiers. Ils jouent un rôle important dans les processus d’élaboration des législations aux États-Unis, dans les institutions de l’Union européenne ou encore à l’OMC.
- énergies renouvelables > Énergies renouvelables
- Sources d’énergie qui se caractérisent par leur renouvellement naturel, ce qui les rend inépuisables à l’échelle du temps humain, et dont la consommation n’entraîne pas l’épuisement. Les principales énergies renouvelables utilisées dans le monde sont la biomasse (même si son caractère renouvelable dépend de la gestion de sa production), l’hydroélectricité, l’éolien, le solaire, la géothermie.
- développement > Développement
- Les définitions du développement et de son contraire – le sous-développement – ont beaucoup varié selon les objectifs politiques et les postures idéologiques de ceux qui les énonçaient. Au cours des années 1970, Walt Whitman Rostow le conçoit comme une dynamique quasi mécanique d’étapes successives de croissance économique et d’améliorations sociales, alors que Samir Amin analyse les rapports centre/périphéries, le premier fondant son développement sur l’exploitation des secondes. En Amérique latine, la théorie de la dépendance dénonçait l’ethnocentrisme du modèle universel d’un simple retard à rattraper par la modernisation. Parler de « pays » pauvres ou en développement occulte les inégalités existant aussi à l’intérieur des sociétés (du Nord comme du Sud) et les connexions des individus aux processus de mondialisation.