Firmes multinationales
Logos des sponsors de la Ligue des Champions de football, Thessalonique, août 2018
Crédit : Ververidis Vasilis / Shutterstock
Logos des sponsors de la Ligue des Champions de football, Thessalonique, août 2018.
Les grands événements sportifs comme les Jeux Olympiques, la Coupe du monde de
football et la Ligue des Champions de football en Europe sont l’occasion pour les firmes
multinationales de développer une stratégie de communication à l’échelle de la planète
pour promouvoir des marques globales.
Résumé
Les firmes multinationales (FMN) sont parmi les acteurs les plus puissants de l’espace mondial. Leur développement est à la fois la conséquence et l’un des moteurs essentiels de la mondialisation. Face à leurs stratégies globales et à leurs modes de fonctionnement transnationaux, les États peinent à instaurer un système de gouvernance qui permettrait de pallier les conséquences sociales et environnementales des activités des FMN.
Par leur poids économique et financier et leur capacité d’influence sur les politiques fiscales et sociales des États, les firmes multinationales (FMN, aussi nommées firmes transnationales) sont des acteurs majeurs de l’espace mondial. Une FMN est une entreprise de grande taille possédant des filiales dans plusieurs pays et concevant son organisation et sa stratégie de production et de vente à l’échelle globale. Il existe actuellement dans le monde quelque 60 000 FMN, contrôlant plus de 500 000 filiales. Elles sont responsables de la moitié des échanges commerciaux internationaux, en particulier du fait de l’importance du commerce intra-firme (entre les filiales d’une même entreprise).
Les 2 000 premières firmes multinationales, 2008-2017

Commentaire : Sur cette carte de la capitalisation boursière des 2 000 premières firmes multinationales en 2017, la taille des cercles est proportionnelle à leur poids en termes de capitalisation boursière. On y voit le poids des firmes états-uniennes (44 %, contre 22 % pour la somme des firmes européennes). La gamme de couleurs indique les dynamiques au cours de la dernière décennie : outre la croissance des firmes des États-Unis, on observe une augmentation de celles des pays émergents asiatiques, alors qu’une partie des firmes européennes, japonaises et latino-américaines stagnent.
On peut faire remonter l’origine des FMN à la fin du xvi e siècle et à la création des compagnies commerciales européennes en particulier anglaises et hollandaises et dont l’une des plus emblématiques, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, fut fondée en 1602 –, chargées d’exploiter les ressources des colonies. Ces compagnies devinrent l’un des piliers du développement du capitalisme et un vecteur essentiel de l’ impérialisme européen dans le monde.
De l’internationalisation à la globalisation
C’est dans les secteurs minier, pétrolier et agricole, dont la production est directement liée au territoire, que les premières FMN de l’ère moderne se sont constituées au xix e siècle lors de l’avènement du capitalisme industriel. Nombre de compagnies des secteurs extractif et agricole, plus que centenaires, figurent toujours parmi les plus grandes entreprises mondiales. L’internationalisation des entreprises s’est accélérée au cours de la seconde moitié du xx e siècle, en particulier dans le secteur manufacturier. Elle s’est faite en partie afin de contourner les barrières douanières ou commerciales en installant des filiales au sein même des marchés consommateurs, comme l’ont fait les constructeurs automobiles européens et japonais en implantant des usines de montage aux États-Unis pour accéder au marché local. Mais elle a surtout bénéficié de l’ouverture commerciale des États dans le cadre des accords du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) puis de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), de la libéralisation financière, qui a permis une grande mobilité du capital, ainsi que de la baisse tendancielle des coûts de transport et du développement de l’informatique et des télécommunications.
25 premières firmes multinationales, 2017

Commentaire : Selon le classement annuel des entreprises du magazine économique états-unien Forbes, ce diagramme montre à la fois le secteur d’activité, la capitalisation boursière, le chiffre d’affaires (selon lequel le classement est réalisé) et les bénéfices des 25 premières firmes multinationales en 2017. Les FMN des secteurs énergie/matières premières et automobile restent les plus nombreuses, mais, en termes de bénéfices, la finance et l’électronique occupent les premiers rangs. Sept FMN asiatiques figurent dans ce classement, soit le quart du total en nombre et en capitalisation boursière.
À partir des années 1980, les FMN ont pu délocaliser leur production pour profiter des faibles coûts de main-d’œuvre et des normes sociales, environnementales et de sécurité très basses offertes par les pays en développement (PED), en particulier ceux d’Asie du Sud-Est. Dorénavant, la chaîne de production est éclatée entre de multiples unités réparties dans les pays où la main-d’œuvre est la moins chère, tandis que les stratégies de communication et de marketing se font à l’échelle du monde (avec l’émergence de marques et de produits globaux) et que les profits sont localisés dans des paradis fiscaux afin de minimiser l’impôt. Piliers de la globalisation des FMN, les flux d’ IDE (investissements directs étrangers) ont été multipliés par plus de 130 en un demi-siècle (pour passer de 13 milliards de dollars en 1970 à 1 750 milliards de dollars en 2016).
Investissements directs étrangers (IDE) entrants, 2007-2016

Commentaire : La Cnuced aide les gouvernements à promouvoir et à faciliter l’investissement ; elle compile, valide et diffuse des données sur les IDE. Cette carte montre à la fois des stocks (points proportionnels) et des évolutions au cours de la dernière décennie (dégradé de couleur). Les données sur la dynamique des IDE entrants sont très contrastées et non corrélées à celles du volume ; certaines économies n’attirent plus les investissements étrangers (en bleu), alors que d’autres, au contraire, savent les capter en raison de leur croissance, de facilités fiscales ou parce qu’il s’agit de paradis fiscaux.
Évolution des investissements directs étrangers (IDE), 1974-2016

Commentaire : La Cnuced aide les gouvernements à promouvoir et à faciliter l’investissement ; elle compile, valide et diffuse des données sur les IDE mais sa base de données ne permet pas de croiser des IDE sortants et entrants, qui de plus transitent souvent par des paradis fiscaux. Même en calculant des moyennes sur cinq ans, les courbes sont très irrégulières. Pour les IDE entrants, l’Europe reste largement en tête, malgré une baisse marquée depuis la crise de 2008 ; les États-Unis, en deuxième position, connaissent une baisse encore plus forte ; alors que les pays émergents bénéficient d’une hausse continue, jusqu’à rejoindre les volumes investis aux États-Unis. Pour les IDE sortants, la configuration est assez semblable mais la chute des États-Unis est encore plus forte et une différence nette apparaît parmi les pays émergents, la courbe d’Asie de l’Est (principalement les investissements chinois dans le monde) se situant nettement au-dessus de celle de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Afin de profiter au mieux de la division internationale du travail sans supporter les contraintes juridiques (et morales) liées à la détention de filiales dans des pays où la protection sociale et les règles environnementales sont bafouées, les FMN tendent à organiser leur production à travers un réseau de sociétés n’ayant plus de liens capitalistiques entre elles. De nombreux produits (électronique, textile, etc.) sont dorénavant assemblés ou confectionnés dans des usines appartenant à des sous-traitants juridiquement indépendants des donneurs d’ordre. C’est le cas d’Apple, dont les produits sont fabriqués en Chine par un sous-traitant taïwanais, Foxconn. Les FMN cherchent ainsi à s’exonérer de toute responsabilité quant aux conditions sanitaires, environnementales et sociales dans lesquelles leurs produits sont fabriqués, telles les grandes marques de vêtements pour lesquelles travaillaient les ouvriers des ateliers de confection de l’immeuble du Rana Plaza à Dacca (Bangladesh), dont l’effondrement en 2013 fit plus de mille morts.
Réseau de filiales de la firme pétrolière BP, 2013

Commentaire : La firme pétrolière BP se compose de centaines de filiales qui possèdent elles-mêmes des filiales. Le graphe de réseau montre que la majorité des filiales relèvent du droit états-unien ou britannique et néerlandais pour BP Europe. La carte montre que ces filiales, distribuées dans toutes les régions du monde, ne correspondent pas nécessairement aux lieux d’extraction d’hydrocarbures. En revanche, BP domicilie nombre de ses filiales dans des paradis fiscaux (Caraïbes, Pays-Bas, Suisse, Golfe, Singapour, Hong Kong, etc., et, bien sûr, Royaume-Uni).
Une impossible régulation ?
L’internationalisation des FMN a certes permis le rattrapage économique de certains pays du Sud, comme la Chine dont le développement est fondé sur l’accueil des IDE et sur son insertion dans la mondialisation. Mais elle contribue également au creusement des inégalités internes : en mettant en concurrence les salariés des pays riches avec ceux des pays en développement, elle participe à l’augmentation du chômage dans les pays développés, qui se désindustrialisent, tout en favorisant l’apparition de classes de nantis dans les pays du Sud. Souvent en position de force face aux États, les FMN mettent ceux-ci en concurrence pour l’attractivité de leurs territoires (équipements, subventions, voire assouplissement des normes fiscales, sociales et environnementales).
La globalisation des FMN les soumet néanmoins à une surveillance accrue des organisations de la société civile, qui les pressent d’adopter des comportements responsables, notamment quant aux normes sociales et environnementales qu’elles appliquent. En réponse, les FMN élaborent, de manière volontaire, des codes de conduite (éventuellement au niveau sectoriel) et des politiques de responsabilité sociale des entreprises (RSE) relatives à la protection de l’environnement, à la défense des droits humains et sociaux et à la lutte contre la corruption. Souvent limitées à un effet d’affichage (greenwashing), ces pratiques cherchent autant à répondre aux critiques des ONG militantes sur leurs pratiques et sur les conséquences négatives de leurs activités qu’à dissuader les autorités politiques d’adopter des législations contraignantes sur ces sujets. En cela, les firmes sont aussi des vecteurs de diffusion des normes (comptables, managériales, sociales et environnementales) partout dans le monde.
- colonies > Colonisation
- Processus historique qui lie profondément l’Europe au reste du monde. À partir de la fin du xve siècle (grandes découvertes), un vaste mouvement de domination économique, politique et culturelle du monde commence au profit de l’Espagne, du Portugal puis de l’Angleterre, de la France et de la Hollande qui entrent en concurrence pour l’appropriation des richesses à partir de la fin du xvie siècle. Une deuxième vague de colonisation se déroule au xixe siècle, alors que les pays d’Amérique du Sud issus des deux premiers empires sont déjà tous indépendants. La révolution industrielle pousse à la recherche de marchés et la France et l’Angleterre s’affrontent pour le partage d’une partie de l’Asie et de l’Afrique. Les territoires colonisés ont des statuts variables (dominions, protectorats, administration directe).
- capitalisme > Capitalisme
- Système économique reposant sur la propriété privée des moyens de production et la liberté de marché (liberté d’entreprendre, libre-échange, libre concurrence, etc. ; les fondements du libéralisme). Dans ce système, les détenteurs du capital (distincts des employés qui forment la force de travail et qui, selon Marx, sont exploités) cherchent à maximiser leurs profits (accumulation du capital). Après avoir émergé avec la fin du féodalisme, il s’est imposé lors de la révolution industrielle. Aujourd’hui adopté dans tous les pays (sauf les pays communistes), ce système est multiforme, incluant toujours une intervention (plus ou moins grande) de l’État, comme régulateur (notamment dans le modèle rhénan ou d’économie sociale de marché des pays scandinaves) ou comme acteur et planificateur (Japon, Singapour, France, etc.).
- impérialisme > Impérialisme
- Désignant initialement une stratégie ou une doctrine politique d’expansion coloniale, l’impérialisme instaure un rapport de domination politique, économique ou culturelle d’un État sur un ou plusieurs autres. De manière plus récente, il concerne également la domination économique, culturelle ou juridique d’un acteur international (éventuellement non étatique) sur un autre (rapports Nord-Sud, hégémonie culturelle, etc.). Cette notion est notamment utilisée par les analystes marxistes, pour lesquels l’impérialisme est lié au mode de production capitaliste.
- libéralisation > Libéralisme
- Issu de la philosophie des Lumières, le libéralisme désigne un corpus de philosophie politique plaçant la préservation des droits individuels au centre de sa conception de la société et de l’ordre politique. En découlent, d’une part, des mécanismes de protection de l’individu face aux risques d’arbitraire étatique, lesquels se traduisent la plupart du temps par la préférence pour un ordre politique démocratique ; d’autre part, l’importance accordée au respect de la propriété privée, dont découle la préférence pour une implication minimale de l’État dans l’économie et son repli sur la sphère régalienne. Derrière ce consensus, il existe de nombreux débats quant au degré d’implication de l’État dans l’économie, la protection des individus ou celle d’un ordre politique et de normes sociales données, qui se traduisent par différentes déclinaisons du libéralisme (courants ordo-libéraux à l’allemande, libertariens ou encore libéraux-conservateurs).
- environnementales > Environnement
- L’environnement est entendu largement comme la biosphère dans laquelle les espèces vivantes cohabitent, tandis que l’écologie étudie les rapports entre ces organismes et leur environnement. L’environnement comprend des milieux naturels très différents allant des forêts vierges laissées intactes aux milieux artificialisés exploités et aménagés par l’être humain. Dans une définition restrictive, on entend par questions environnementales les enjeux se rapportant aux ressources naturelles (gestion, exploitation et dégradation) et à la biodiversité biologique (faune et flore). En tant que problème public transversal, l’environnement concerne les enjeux d’organisation des sociétés (modèles de production, transports, infrastructures, etc.) et leurs effets sur la santé humaine et des écosystèmes.
- paradis fiscaux > Paradis fiscal
- Territoire profitant de sa souveraineté pour proposer des régimes fiscaux ou juridiques dérogatoires (secret bancaire, taxation faible ou nulle, procédures rapides et souples, obligations administratives très limitées voire inexistantes, etc.) dont se servent les firmes multinationales, les fonds spéculatifs, les individus fortunés ou encore les réseaux mafieux pour échapper au fisc et aux autorités judiciaires de leur pays d’origine. Maillons essentiels de la mondialisation financière, les paradis fiscaux sont certes considérés comme une menace pour la stabilité économique mondiale mais bénéficient de fait de la complaisance des grands États qui cherchent plus à profiter du système qu’à le changer, et possèdent presque tous des paradis fiscaux placés sous leur contrôle.
- IDE > Investissement direct à l’étranger
- Tout investissement motivé par la volonté d’une entreprise d’acquérir un intérêt durable (participation supérieure à 10 % des droits de vote) et une influence significative dans la gestion d’une entreprise résidant dans un autre pays. Cette opération, impliquant une relation à long terme (à l’inverse des investissements dits « spéculatifs »), peut se faire par la création d’une entreprise nouvelle ou, plus généralement, par la prise de contrôle de tout ou partie d’une entreprise existante par le biais d’achats et de fusions. Les IDE, dont la majorité concerne des flux Nord-Nord, sont à la base de la mondialisation des firmes multinationales.
- division internationale du travail > Division internationale du travail
- Division technique, sociale et spatiale du travail à l’échelle mondiale à l’intérieur des filières de production des entreprises. Elle s’appuie sur la révolution des transports maritimes et aériens et le développement des technologies de l’information. Dans les coûts de production des entreprises, le transport par navires géants et containers a baissé, celui de la main-d’œuvre reste élevé et celui de la recherche et développement (R&D) augmente. Le travail non qualifié est réalisé dans les pays à coûts de main-d’œuvre les plus bas, les produits semi-finis déplacés pour le montage vers des régions à main-d’œuvre plus qualifiée, la R&D et les études de marché vers des régions de haute qualification. Certains pays démontrent une grande capacité à remonter les filières (Corée du Sud, Taïwan et, partiellement, la Chine).
- protection sociale > Protection sociale
- Aides permettant aux personnes de faire face aux risques de l’existence sans compromettre leurs conditions de vie : maternité, charges de famille, maladie, invalidité, chômage, vieillesse, etc. Trois systèmes d’inspiration et d’objectifs distincts existent et s’influencent réciproquement. L’assistance sociale consiste en un revenu minimum destiné à instaurer une solidarité entre les personnes pour lutter contre la pauvreté. Elle est versée sous condition de ressources et non sur la base de cotisations préalables (exemple : régime beveridgien en Grande-Bretagne). L’assurance sociale a pour but de prévenir les risques de perte de revenus en offrant des prestations sociales financées par des cotisations sur les salaires (exemple : régime bismarckien en Allemagne). La couverture universelle a pour objectif de couvrir certains types de dépenses pour l’ensemble des individus, les prestations étant versées sans conditions de revenus ni de cotisation en étant identiques pour tous (exemple : couverture sanitaire universelle).
- Sud
- Voir Nord et Sud
- développement > Développement
- Les définitions du développement et de son contraire – le sous-développement – ont beaucoup varié selon les objectifs politiques et les postures idéologiques de ceux qui les énonçaient. Au cours des années 1970, Walt Whitman Rostow le conçoit comme une dynamique quasi mécanique d’étapes successives de croissance économique et d’améliorations sociales, alors que Samir Amin analyse les rapports centre/périphéries, le premier fondant son développement sur l’exploitation des secondes. En Amérique latine, la théorie de la dépendance dénonçait l’ethnocentrisme du modèle universel d’un simple retard à rattraper par la modernisation. Parler de « pays » pauvres ou en développement occulte les inégalités existant aussi à l’intérieur des sociétés (du Nord comme du Sud) et les connexions des individus aux processus de mondialisation.
- mondialisation > Mondialisation
- Le terme mondialisation renvoie à un ensemble de processus multidimensionnels (économiques, culturels, politiques, financiers, sociaux, etc.) qui reconfigurent l’espace mondial. Ces processus ne consistent pas seulement en un changement d’échelle généralisé vers le mondial car ils ne convergent pas nécessairement, ne touchent pas tous les individus et n’ont pas sur eux les mêmes effets. Plus que l’intensification des échanges de tous types, l’internationalisation des économies ou l’essor des connexions, la mondialisation contemporaine désigne les transformations de l’organisation spatiale des relations économiques, politiques, sociales et culturelles.
- inégalités > Inégalité
- Répartition inégale des biens, matériels et/ou immatériels, considérés comme nécessaires ou désirables. Outre les inégalités de revenus (internes, internationales et mondiales), les inégalités, cumulatives, se mesurent également en matière d’accès aux services publics (accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi, à un logement, à la justice, à une sécurité effective, etc.), à la propriété et plus largement aux ressources naturelles, ainsi qu’en matière d’expression politique ou de capacité de réaction face au risque écologique. Lorsque ces inégalités se fondent sur des critères prohibés par la loi, elles constituent des discriminations.
- pays développés > Pays développé
- Lors de son discours d’investiture de 1949, le président des États-Unis Harry S. Truman dessine, dans son 4e point, les contours d’un programme d’aide aux « pays sous-développés ». Cette expression désigne l’ensemble des pays considérés comme « en retard » par rapport à ce qui devient désormais un modèle à atteindre : celui des pays développés, industrialisés, dont la croissance est alors plus forte et le niveau de vie plus élevé. Pays sous-développés, en voie de développement, ou en développement (selon l’évolution de la terminologie), pays développés, aucune expression ne vient modifier la perspective linéaire et évolutionniste de cette vision, ni nuancer le caractère homogénéisant et réifiant de ces ensembles.
- société civile > Société civile
- À l’échelle nationale, la société civile désigne une entité sociale distincte de l’État et dépassant les individus et les groupes qui la composent (classes sociales, catégories socioprofessionnelles, générations…). La notion de société civile mondiale est apparue au cours des années 1970 (John Burton, World Society) et désigne l’ensemble des relations sociales construites hors du contrôle de l’État sur la scène internationale par la mobilisation de ressortissants de tous les pays pour revendiquer des régulations infra ou supranationales. L’expression masque toutefois une grande diversité. La notion de société-monde apparaît pendant les années 1990 chez les géographes et désigne le processus le plus englobant de création d’un espace social à l’échelle de la planète.
- RSE > Responsabilité sociale des entreprises
- Ensemble des procédures et stratégies mises en œuvre de manière volontaire (c’est-à-dire non contraignantes, même si généralement adoptées sous la pression des acteurs de la société civile) par les entreprises pour prendre en compte, dans leur gestion et leurs activités, les attentes sociétales en matière de protection de l’environnement, de défense des droits de l’homme, de lutte contre la corruption, etc. Concrètement, la RSE se traduit par des séries d’engagements pris par les entreprises (chartes éthiques, codes de conduite, etc.) et le financement de quelques projets de développement local. Elle est néanmoins critiquée pour n’être souvent qu’un simple outil de communication (greenwashing), et pour être un frein à la mise en place de contraintes légales sous prétexte d’autorégulation.
- greenwashing > Greenwashing
- Le greenwashing, aussi appelé vernis vert en français, rend compte d’une action destinée à tromper les consommateurs et consommatrices à l’égard des pratiques environnementales d’une entreprise ou des bénéfices environnementaux d’un produit ou service. Il peut s’appuyer sur un langage évasif, des images suggestives et/ou des allégations non pertinentes. Plus largement, il s’agit de détourner l’attention en mettant en avant des actions mineures en faveur de l’environnement, dissimulant des dégradations plus graves et les causes profondes de la dégradation environnementale.
- ONG > Organisation non gouvernementale
- L’usage de cette expression s’est développé à la suite de son insertion dans l’article 71 de la Charte des Nations unies. Il n’existe pas de statut juridique international des ONG, si bien que ce sigle désigne des acteurs très différents selon les discours et les pratiques. Il s’agit généralement d’associations constituées de manière durable par des particuliers en vue de réaliser des objectifs non lucratifs, souvent liés à des valeurs et des convictions (idéologiques, humanistes, écologiques, religieuses, etc.) et non des intérêts. Actives tant à l’échelle locale que mondiale, sur des thèmes divers, les ONG se comptent aujourd’hui par dizaines de milliers, mais sont d’importances très inégales en termes de budget, de personnel et de développement.